Portrait de Natalie Steele

Sandra Lonca - 15 novembre 2016

Aujourd’hui nous rencontrons Natalie, une jeune américaine qui nous parle de son parcours et des actions caritatives qu’elle mène en Angola.

Il y a quelques temps, nous avions rencontré Natalie Steele, une jeune américaine lors de notre café de la rentrée. Elle venait nous parler des actions caritatives menées à l’orphelinat de Irma Domingas à Viana et nous sensibiliser à cette cause qui lui est chère.

VEA a voulu en savoir plus et nous avons profité d’un café pour la découvrir et avons réalisé son portrait.

Bonjour, je m’appelle Natalie Steele, j’ai 34 ans, je suis américaine, mariée et mère de deux bébés bientôt de 2 et 3 ans.

Que fais-tu en Angola ?

Je me pose la question (rire). J’ai suivi mon mari ici comme beaucoup d'entre vous. Cela fait déjà un an. J’ai passé presque 2 ans au Venezuela et 10 ans en France. J’y étais expatriée à chaque fois pour des raisons professionnelles.

Les raisons de ton expatriation ?

J'ai toujours été très curieuse de découvrir les autres cultures, les autres langues. Je rêvais un jour d'oser tout quitter et de voir ce que je pouvais réaliser ailleurs. Le "what if? " a été plus fort que moi et cela m'a motivé à faire ce grand saut. Ce rêve de découvrir la France m'a convaincu de passer de l'étape "Let's do it !"

J'ai donc décidé de quitter mon métier de maquilleuse professionnelle chez MAC et ma ville Spokane (Etat de Washington situé à l’est de Seattle). J'ai tout vendu et c'était parti.

Es-tu partie avec ton sac à dos, quelques billets en poche et en avant l’aventure ?

Oui et non ! J’ai répondu à une annonce parue dans une université qui mentionnait que l’Education Nationale recherchait des professeurs d’anglais. J’ai alors postulé et je me suis retrouvée à Manosque dans les Alpes de Hautes-Provence. C’était une belle expérience ! En même temps, très difficile, car j’avais peu de repères, j’étais seule et surtout je ne parlais pas le français…J’ai travaillé un an dans cette école avant d’être mutée dans les quartiers nord de Marseille pour la deuxième année.

Veux-tu nous en dire plus ?

Après cette première expérience, je suis revenue à Manosque. Grâce à une rencontre, j’ai obtenu un contrat en CDI sur le projet ITER (projet de fusion nucléaire), l’un des plus importants centres de recherche et de développement sur l’énergie nucléaire en Europe. Quand j’y repense, c’était un cadre très particulier !

Et c’est à cette époque, que j’y ai rencontré mon chéri.

J’ai commencé comme documentaliste et ensuite j’ai décroché un poste d’assistante de direction pour la commission européenne.

Comme j'étais américaine, je ne pouvais pas postuler directement pour un CDI. J'ai donc été embauché par l'entreprise Altran qui faisait parti des entreprises contractées sur ce projet.

A vrai dire, je rêvais de créer ma propre société ! Après presque 5 ans sur le projet ITER, c’était le moment de se lancer.  J’ai alors crée ma propre société de vente et d'export de produits provençaux fabriqués à 100% dans le sud-est.

Comment as-tu monté ce projet ?

Au début, je faisais le tour de la Provence à la rencontre de « petits » producteurs fabriquant exclusivement en Provence. C’était une manière pour moi de soutenir la production locale qui bien souvent n’est pas suffisamment mise en avant.

J’avais alors expliqué à mon chef de l’époque, mon souhait d’être entrepreneur en France. Il a cru en ce projet et comme il était proche de la retraite, il m’a proposé que nous nous associons. Cette belle aventure a duré 2 ans et demi.

J’ai vendu des dégustations, des animations dans de grands châteaux, des hôtels de luxe pour promouvoir des vins comme le Châteauneuf-du-pape, le Vacqueyras, ceux de la famille Perrin…A vrai dire, de grands noms de vignobles du sud-est.

Ces animations menées auprès d’une clientèle internationale m’ont permis de leur faire découvrir les produits du terroir, et bien sûr l’huile d’olive. Notre société était basée à Aix-en-Provence mais grâce à notre site internet, nous vendions un peu partout même à l’international.

Ensuite, je suis tombée enceinte. A l’époque, mon mari était localisé au Venezuela. Ce n’était vraiment pas très simple car ce travail était très énergivore.

Cependant, quand j’y repense, c’était génial, une de ses aventures qui vous forgent !

Pourquoi as-tu arrêté ?

J’ai eu quelques soucis avec ma grossesse. Avec mon associé, nous n'avions plus la même vision commune de notre entreprise. J’ai donc décidé de vendre mes parts, non sans une certaine amertume et je suis  partie rejoindre mon époux au Venezuela.

Au-delà de cette amertume, je me dis que cette aventure m'a fait grandir et que j'en tire beaucoup d'expériences positives notamment dans le montage d'une entreprise et son développement commercial. J'ai passé du temps à réfléchir à ce projet, à solidifier des relations commerciales avec les fournisseurs, à travailler sur le marketing du site de vente et sur la gestion administrative (ce qui est loin d'être simple et rapide pour une PME en France). Maintenant, j’ai tourné la page et je suis passée à autre chose.

Nouvelle page, nouvelle vie au Venezuela ?

J’ai accouché en France et je suis partie 6 mois après. A peine arrivée, je suis retombée enceinte. Et oui, les joies de l’expatriation ! Au début, je faisais partie d’un groupe « Caracas accueil » mais le pays était en crise et finalement nous ne pouvions pas faire grande chose pour développer les activités d'accueil et d'aide.

Parle-nous de l’Angola ?

Maintenant, je suis en Angola. Je passe beaucoup de temps dans les orphelinats, je fais partie d’un groupe de musique et je fais énormément de sport.

Ce n’est pas simple tous les jours mais je mène pleins de petits projets de mon côté qui sont comme des échappatoires et surtout qui me permettent de lever des fonds pour plusieurs orphelinats. Par exemple, je fabrique des meubles en palettes et je propose des poses de vernis gel aux femmes de ma communauté.

J'organise également des événements aux Etats-Unis pour récolter des sous pour les orphelinats angolais. Par exemple, il y a eu un tournoi de golf, une correspondance postale avec une école primaire pour sensibiliser les jeunes enfants américains.

Toutes ces activités me permettent de m'exprimer et de m'évader spirituellement.

Pourquoi une telle implication dans les orphelinats ?

Portrait de Natalie SteeleC’est une relation particulière qui mêle beaucoup de vécu de ma part.

Dès mon arrivée, je me suis portée bénévole avec un groupe de femmes où nous visitions chaque semaine l’orphelinat de Mama Muxima.

C’est l’année dernière, quand une amie a trouvé des enfants sur une plage et que nous avons dû les soigner puis les replacer dans des centres, que mon implication a pris tout son sens. Les enfants ont été placés entre Mama Muxima et Obra de Caridade da Criança Santa Isabel à Viana. Quand je me suis rendue dans ce dernier, je ne pourrais pas expliquer les raisons mais je me suis attachée aux enfants, à l’ambiance qui y régnait.

J’ai voulu être présente pour eux. J’ai tant d’amour à donner que je me suis dit « qu’est-ce que je peux leur apporter ? ».

Alors, j’ai pris pour habitude d’y aller, de m’asseoir avec eux, de les observer, et de leur donner de mon temps, mon amour. Je sais qu’ils en ont tant besoin, tout comme ces orphelinats ont de grands besoins financiers pour fonctionner correctement.

Alors, pour les aider, j'utilise mes compétences passées dans le domaine de l'esthétique pour alimenter des projets pour les femmes de ma communauté  expatriée. Ainsi, cela me permet de récolter une moyenne de 80000 AOA par semaine. J'ai déjà acheté entre autres des lits parapluies et des couches…C’est peu mais c’est déjà beaucoup pour eux !

De quoi ont-ils besoin ?

Ils ont besoin de tout ! Je dirais des draps, des lits simples, matelas, de moustiquaires, des couches pour les bébés, des culottes, des serviettes hygiéniques et surtout du paracétamol... Tu sais, tout est utile !

Aujourd'hui, je suis réellement acceptée par eux.

Personnellement, cela m’a beaucoup bouleversé et secoué. Mais cela me fait du bien et je vais à mon propre rythme. C’est une démarche humaine car on a tous quelque chose à apporter. On peut "multiplier" l'amour.

Pourrais-tu nous parler d’une rencontre ?

Je pense que les orphelinats me parlent beaucoup pour des raisons personnelles. Cela me touche peut-être plus que les autres.

Ma rencontre, c'est celle du monde de l'orphelinat. Tout le monde pense (à tort) que c’est difficile d’y aller, car la détresse de l’autre nous bouleverse, nous fragilise mais finalement, tu y vois des sourires, des enfants avec une force de caractère inimaginable. Alors tu ne réfléchis plus et tu y vas.

Et puis, je dirais écouter les autres. Je suis assez solitaire finalement mais je pense que juste rencontrer d’autres femmes m’apportent beaucoup ! Ces échanges nous dévoilent !

Une devise :

Je me dis tous les jours qu’on peut tout faire par Amour. Alors, je prends le temps d’écouter les autres car on a beaucoup à apprendre du chemin de leur vie.

Un conseil :

L'environnement angolais nous offre peut-être l'opportunité de travailler sur soi, sur notre quête intérieure, de trouver quelque chose de personnel et de positif à faire.

Il faut savoir s'entourer de bonnes personnes, de bonnes fées. Et puis je dirais aussi écouter les autres. Je suis assez solitaire finalement, mais je pense que simplement rencontrer et échanger avec d'autres femmes m'apporte beaucoup ! Ces échanges nous dévoilent !

Si vous souhaitez apporter vos dons, vous pouvez contacter directement:

  • Natalie au 930 014 168
  • Ir. Domingas Loureiro (la directrice de l'orphelinat) Obra de Caridade da Criança Santa Isabel au 912 201 288 / 923 525 310 / 998 902 262
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