Itinéraire d’un français à l’étranger, Avraham Ben-Haïm, Conseiller Consulaire en Angola

Cassandra MFOU'OU MVONDO - 3 décembre 2018

Avraham Benhaim

Chef d'entreprise, Avraham Ben-haïm est en mandat depuis 2014 en tant que conseiller consulaire en Angola. Son rôle, parfois méconnu de la communauté, lui est pourtant entièrement dédié.

Nous avons souhaité partir à la rencontre d’un homme fier de son parcours, riche d’expériences tant personnelles que professionnelles et toujours profondément inscrit dans la défense de la représentation de la France à travers le Monde.

Il nous accueille dans ses locaux professionnels et nous raconte avec passion le processus d’une vie qui l’a mené à s’engager pour les français de l’étranger.

Enfance

Je suis né en 1958 au Maroc, d’une famille française qui venait de l’Algérie Française et qui a émigré ensuite au Maroc pour travailler. J’ai donc grandi dans une famille issue du réseau « français de l’étranger » et ce, depuis plusieurs générations.

En 1972 j’avais 14 ans, je me suis retrouvé confronté au « retour ».  Mes parents ont dû affronter tous les problèmes auxquels les français font face lorsqu’ils reviennent en France après un certain temps : ce décalage dans des aspects aussi bien politique, qu’économique.

Etudes

 J’ai une formation hôtelière à la base. J’ai été dirigé plus jeune vers une voie qui ne me plaisait pas du tout qui n’était pas celle dont j’avais envie.

J’aurais souhaité faire des études de lettres ou de droit, je ne suis pas resté dans le général, j’ai été orienté vers un BTH. Quand j’ai  terminé ma gestion hôtelière, je suis parti  travailler en Ecosse pour perfectionner mon anglais et en Allemagne, à Berlin où j'ai appris l'allemand je suis  entré à Burger King lorsqu’ils se sont implantés en France. Ils m’ont recruté comme manager, puis je suis devenu directeur et j’ai gravi les échelons parce que j’avais certaines capacités : à 25 ans, j’étais le plus jeune directeur de la chaîne et je dirigeais 150 personnes.

Ensuite, partant de l’affaire familiale, nous avons créé (mon frère et moi) 6 sociétés.

Implication sociale

A travers cette expérience de chef d’entreprise j’ai tenu à travailler à l’intégration des jeunes de banlieue par le travail et en particuliers ceux du 93. Beaucoup venaient d’Aulnay-Sous-Bois, d'une zone de non-droit appelée le Gallion. Pour cela, j’ai beaucoup travaillé avec les ANPE, avec les Chambres de Commerce, je faisais partie du groupement patronal du 93, le GIGNEP, je dirai qu’à mon actif, j’ai quelques belles réussites parce que je me suis impliqué, en tant que chef d’entreprise, pour ces jeunes. Il y en a certains, 3 en particuliers dont nous sommes très fiers sur l’ensemble des 40 à 50 jeunes que nous avons accompagné.

J’ai toujours apporté une dimension sociale à mes activités, donner du temps aux autres pour intégrer; je trouve cela important.

Expatriation en Israël et engouement politique

A  43 ans, j’ai décidé de reprendre un peu le cours de ma vie donc ma famille et moi décidons en 2001 de partir en Israël.

C’était un grand départ mais je maintenais un lien professionnel avec mes affaires en France qui m’imposaient des allers-retours fréquents. Dans les 3 ans qui ont suivi notre arrivée j’ai décidé de tout vendre et d’aller vivre en Israël avec ma famille. Une fois pleinement sur place, je me suis rendu compte des difficultés que nous rencontrons en tant que français.

Au-delà du choc culturel, le pays rencontrait une crise politique importante et c'est dans ce climat que je me suis aperçu que les français venus en Israël étaient très nombreux. On parle quand même d’une communauté de 120 000 personnes, c’est une des plus grosses communautés francophones en dehors de l’Europe et du Québec, la plus grosse française dans le Monde.

Nombreux, certes, mais nous n’étions pas armés, il n’y avait pas de parti politique qui nous représentait, je me suis donc engagé en politique en 2006… Pour avoir le soutien du gouvernement nous devions nous adosser sur un grand parti français et à cette époque c’était l'UMP.

Nous avons donc constitué à l’époque une branche de l’UMP. Nous étions en liens étroits avec la structure UMP  mère et son environnement politique pour essayer de construire politiquement un groupe de français afin d’être reconnus et soutenus.

Chargé de Mission de l’UMP en Israël et Président de l’UFE

A la suite de cela, je suis devenu le chargé de mission de l’UMP en Israël. Nous avons gagné un siège à l’Assemblé des français de l’étranger, notre premier siège pour représenter les étrangers en Israël. A l’époque on ne disait pas conseillers consulaires mais conseillers des français de l’étranger. Nous avons été élus et là commence l’aventure : nous intégrons le Sénat, les structures des français de l’étranger en France et nous entrons dans un mécanisme passionnant.

Je suis alors devenu Président de l’Union des français de l’Etranger en Israël (UFE). Je représentais donc les français dans tous les consulats parce que l’UFE est une association qui représente les français quand dans un consulat il n’y a pas d’élu des français de l’étranger. Dans ce cas précis l’UFE est membre de droit. Il y a deux associations dans ce cas-là, l’UFE et d’AFE (Association des Français de l’Etranger) toutes deux reconnues d’utilité publiques, loi 1901.  Il n’y a donc que ça et après c’est à la convenance du poste, il peut y avoir d’autres associations qui représentent les français.

Sur le plan professionnel, ce n’était pas facile, il faut savoir que nous ne vivons pas de notre politique, c’est un engagement… Certains s’engagent dans des causes humanitaires, je m’étais engagé pour défendre une communauté française qui se retrouvait un peu démunie.

Au vu des difficultés professionnelles rencontrées, j’ai été obligé de chercher du travail ailleurs, je me suis ré-expatrié en Angola.

2009, arrivée en Angola

C’est dans ce contexte que se présente une opportunité de mission en Angola pour faire du recyclage de métaux.

J’arrive en 2009 en Angola, je viens pour un projet de recyclage de métaux, je monte la structure et pendant 3 ans c’est le vrai bonheur : on a des licences d’exportation, c’est le boom économique et on exporte à travers nos 3 agences des conteneurs vers l’Inde.

Jusqu’en 2009 j’ai maintenu mes mandats, je faisais des allers-retours entre Israël et l’Angola mais je me suis dit que j’allais faire une pause politique, il fallait que je m’occupe de ma famille.

A ce moment-là je restais 3 mois en Angola, je rentrais en Israël et je revenais. J’avais toujours un rapport politique à la France puisque j’étais toujours président de l’UFE Israël et ce pendant 3 ans. Avec le temps l’Angola a pris de plus en plus de place dans ma vie professionnelle, j’étais beaucoup moins en Israël donc je suis resté en Angola.

Création de l’UFE Angola

En 2012, je prends la décision de démissionner de tous mes mandats en Israël, j’arrête et je m'installe en Angola. A mon arrivée, je me rends compte qu’il n’y a pas au consulat, d’association des français à l’étranger, pas de représentation et donc je fonde avec l’accord de Paris, l’UFE Angola en Janvier 2012. Je siège à nouveau dans les consulats, participe à la commission des bourses, je reprends tous le processus et sur le court terme les licences d’exportations sont annulées par le gouvernement pour des raisons économiques et politiques : on se retrouve sans travail, à nouveau.

Grâce à ma société d’exportation de métal, nous avions déjà commencé à traiter des visas et à faire de la prestation aux entreprises pétrolières qui étaient venues vers nous parce que nous avions une expérience en tant que prestataires de services. Mais à cette époque nous commencions vraiment, c’était assez marginal et un jour nous avons basculé puisqu’il n’y avait plus d’activité.

En 2012, après une tentative infructueuse de monter une structure en Guinée-Conakry je suis rentré en Angola et me suis concentré sur les activités de prestation de service.

Je commence à développer courant 2012 l’UFE ,  j’étais tout seul et je n’avais pas de réseau,  je rencontre alors les Marraines de Luanda, VEA se crée à ce moment-là également. Je voyais des synergies, car je viens d’un milieu où, il est important d’en créer, la solidarité c’est important. On monte l’UFE et c’est un succès. On s’appuie sur les Marraines qui nous ont beaucoup donné, nous avions des activités en commun. Les marraines faisaient les activités et de notre côté nous avions l’association légale représentative des français de l’étranger et nous travaillions en corrélation avec elles.

Conseiller Consulaire

Conseiller Consulaire RF

En 2014 il y a de nouvelles représentations des français de l’étranger et il se trouve que l’Angola a droit à un représentant, c'était une première pour le pays puisqu'auparavant le représentant des français était régional.

Je participe à l’élection et je la gagne. C’est à ce moment-là que je suis vraiment entré dans le rôle de conseiller consulaire. Je suis donc élu de la République, mon mandat est de 6 ans et est renouvelable en 2020.

Il existe dans les consulats maintenant ce qu’on appelle des conseils consulaires qui peuvent être réunis à n’importe quel moment, en fonction des périodes, il peut être réuni en commission des bourses, commissions des affaires sociales, et pour toutes autres activités qui nécessitent une rencontre du conseiller consulaire et de l’administration.

Quel est le rôle d’un Conseiller Consulaire ?

Mon rôle si on devait le résumer très simplement est de représenter et défendre les droits des français en Angola face à l’administration.

La nouvelle structure du Consulat me fait devenir vice-président du conseil consulaire. Ce qui signifie que le président du conseil consulaire est l’ambassadeur et le deuxième, c’est moi. En cette qualité j’ai le droit de convoquer le conseil consulaire si par exemple je constate des choses que je juge urgentes pour la communauté, c’est ce qu’on appelle un conseil consulaire Ad hoc. Nous avons ainsi pu en 2017 réintégrer sur les listes consulaires environ 300 expatriés français travaillant offshore. Ils avaient été exclus par l'administration française locale.

Autrement, j'interviens dans des domaines variés  pour servir l'intérêt général. Notamment dans des domaines tels que la sécurité, l'économique, le social et l'éducatif. Ce sont mes principaux domaines d’intervention.

Cependant, j’ai fait de mon mandat un champ très large puisque j’apporte mon expertise sur les questions de visa aussi. C’est un vrai problème que nous rencontrons, la communauté française expatriée en Angola, c’est un vrai sujet.

Il y a eu un accord auquel j’ai participé, dans la rédaction des documents, pour aider les VIE par exemple et ce entre autre grâce à des contacts rapprochés avec l’administration angolaise.

 

Cette connaissance permet d’aider des familles françaises, celles avec des visas de permanence temporaire qui se retrouvent bloqués par des délais importants par exemple.

J’ai donc toujours mis ce savoir au service de la communauté et gratuitement puisque je le fais dans le cadre de mon mandat. Je fais une veille législative sur la partie visa pour informer le Consulat, par exemple la non application de la loi visa dans les ministères.

J’interviens sur la législation relative au travail avec les autorités angolaises sur les lois qui ont un impact sur les français, comme en 2016 où j’ai averti l’ambassadeur parce qu’il y avait un changement substantiel de la loi : nous n’avions plus droit à 2 fois 3 ans sur les visas de travail mais 1 fois 3 ans.

J’interviens à l’école aussi, notamment quand il y a eu des problèmes d’enfants qui ne pouvaient pas être scolarisés car ils avaient 3 ans au 31 août, la loi a été opposée aux familles sans davantage d’explication. J’ai donc rencontré les familles afin de comprendre le problème, en tant qu’élu de la République mon rôle est d’entendre chaque parties et de trouver une solution par la médiation. Quand j’ai rencontré les familles en juin 2016, nous avons organisé une réunion avec l’Ambassadeur au travers de Sébastien VITTET  (Conseiller de coopération et d'action culturelle), les familles et l’administration et là nous avons pu voir le problème dans sa totalité et avons trouvé des solutions. Les garanties ont été tenues,  cette situation a mis en lumière un problème que rencontrait l’école et donc ouvert une réflexion sur sa restructuration. C'est pour cela aussi que je siège au conseil d'établissement de l’école.

En tant que conseiller consulaire j’attribue une bourse à des enfants boursiers lorsqu’il y a des voyages organisés par l’école dans l’année, les frais de scolarité sont pris en charge par l’Etat français mais les voyages ne sont pas comptés. Donc chaque année j’attribue une bourse à un enfant boursier dont la famille n’aurait pas les moyens de payer le voyage pour ne pas priver l’enfant. L’école met une part, je participe en tant que conseiller consulaire, c’est un choix, j’estime que c’est une part intégrante de mon engagement.

Je peux être saisi par n’importe quel français.

Je rends compte aux parlementaires, je participe à l’assemblée des français de l’étranger, je rencontre les ministères… Je demande à l’administration française de faciliter la vie des français en Angola car si on veut que la France participe à la reprise économique de l’Angola, c’est nécessaire. Le permis de conduire aussi par exemple,  je me bats pour ça, pareil pour les visas, je souhaite que nous ayons un appui politique, pour faciliter la vie des expatriés.Avraham Ben-Haïm à la radio nationale Angolaise

En fait je n’ai pas de champ limité, quel que soit le problème que vous pourriez rencontrer en lien avec l’administration française, en lien avec la représentation des français, même un problème que vous pourriez avoir avec l’administration angolaise... Mon rôle est d'apporter des réponses ( les plus appropriées) , de vous conseiller et surtout de vous protéger.

Merci à vous M. Benhaim

 

 

Pour solliciter le conseiller consulaire vous pouvez retrouver ses coordonnées sur le site de l'ambassade.

Via Facebook : Avraham Benhaim

 

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