Fin d’expat : Jeanne VIVET
Combien de temps as-tu / avez-vous passé en Angola ?
On aura passé 4 ans en famille durant cette expatriation. Ce n'était pas notre coup d'essai car nous nous sommes rencontrés à Luanda fin 2006. Je venais pour participer à une conférence universitaire et Didier travaillait déjà ici. Je suis revenue ensuite en 2008 pour faire des enquêtes de terrain dans les musseques de Luanda auprès des deslocados de guerra (déplacés de guerre) pour mon doctorat de géographie qui portait sur l’insertion urbaine des déplacés de guerre au Mozambique et en Angola. Je suis revenue par la suite plusieurs fois en mission entre 2010 et 2012 dans le cadre d'un projet de recherche européen sur les familles transnationales entre le Portugal et l'Angola. J'ai donc d'abord connu Luanda et l'Angola comme étudiante avant de revenir en mode expat et en famille!
Tes / Vos occupations en Angola ?
Je travaille pour l'Agence de coopération Expertise France dans le cadre d'un projet financé par l'Union Européenne; c'est le programme UNI.AO, d’appui à l’enseignement supérieur angolais et plus généralement d’aide aux universités angolaises. On finance par exemple, la création de nouveaux masters et doctorats en Angola pour aider à la formation des cadres angolais. Il y a un gros potentiel ici et des besoins énormes pour développer ce capital humain !
Avec l'équipe du projet nous sommes basés au sein du Ministère angolais de l'enseignement supérieur. Cela aura été une expérience très riche et intéressante, même si pas toujours facile, de travailler directement dans l'administration angolaise.
Et puis je suis aussi mère de 3 enfants !
D’où es-tu/êtes-vous originaire ?
J’ai grandi en banlieue parisienne, avec toujours l’envie de voyager et vivre à l’étranger.
Qu’est-ce qui t’a/ vous a amené en Angola ?
Le travail ! On a réussi à dégoter tous les deux un contrat à Luanda. Mais comme je le disais, Luanda et l’Angola ont vraiment un sens dans notre histoire familiale. On venait de passer 4 ans au Mozambique, pays de coeur aussi que je connaissais depuis longtemps, et on était heureux de poursuivre dans un pays lusophone, qui ait du sens pour nous.
Que recommandes-tu / recommandez-vous à quelqu’un qui vient juste d’arriver en Angola ?
Deux choses :
- Apprendre le portugais ! C’est une langue magnifique et ça vous ouvrira énormément de portes.
- Acheter un 4x4 et une tente pour pouvoir vraiment profiter et découvrir cet immense pays.
Où allais-tu / alliez-vous pour t’/ vous échapper de Luanda ?
On part très souvent, presque tous les week-ends, on a besoin de cette bouffée d’oxygène !
Parmi les classiques bien sûr Cabo Ledo, mais on est surtout beaucoup allé camper autour de Luanda, au Bico do Kwanza, au burraco de Mussulo, São Bras, Onzo, au nord de Barra do Dande, Musserra, praia de Kifuca, etc.
C'est magique de se réveiller en pleine nature, au son des vagues, de vivre, ne serait-ce que l’espace d’un week-end, sur la plage; ramasser des kilos de coquillages et de pierre, voir les enfants jouer en liberté.
On a eu la chance de sillonner l'Angola de Soyo à la frontière congolaise au sud de Namibe. ma province coup de coeur c'est celle de Namibe, avec ces paysages et plages incroyables, un désert dont les dunes se jettent dans la mer.
Quel est ton / votre mot portugais préféré ?
Difficile de répondre, j’adore « misturer » du portugais dans mon français 😉
La “confusão”, c’est un mot qu’on entend tout le temps ici, polys´mique et qui traduit bien le bouillonnement parfois chaotique de Luanda. Il y a la “confusão”, “fazer confusão”, les “confusionistas”.
Sinon “cuiar”, “Angola cuia!”, « não hà maka », « fica calma », j’adore aussi le verbe desabafar qui veut dire « vider son sac »;
Et puis un mot que je lèverai dans mon coeur… “la saudade”…forcément…
Pour toi / vous les Angolais sont… ?
Résilients, j’admire leur courage face à l’adversité, leur capacité à rebondir souvent, à s’adapter et improviser tout le temps.
As-tu / Avez-vous reçu de la visite ?
La situation était compliquée avec les restrictions dues au Covid, mais finalement ma mère a pu venir nous rendre visite et découvrir notre quotidien et les parents de Didier cette année.
Quelle a été la chose la plus excitante que tu/ vous aies faite en Angola ?
Un voyage extraordinaire dans la province de Moxico fin 2021, durant lequel on a pu se joindre quelques jours à une expédition du National Geographic (Merci à Kerllen Costa), dans la région des sources du delta de l’Okavango (ce sont les fleuves angolais du sud ouest du pays qui alimentent le delta intérieur du Botswana); géographe de formation, spécialisée sur l’Afrique, j’étais forcément enchantée par cette ambiance de convoi d’exploration et les camps montés en pleine nature. Cette région a été une vraie découverte, humaine et géographique.
Un autre voyage qui restera gravé dans nos mémoires, un road trip dans la province de Namibe jusqu’à Baia dos Tigres, cette île sur laquelle le temps s’est arrêté, qui hébergeait une petite industrie de pêche à l’époque coloniale et qui est aujourd’hui à moitié ensevelie par le sable du désert de Iona. L’atmosphère est magique, sans compter les phoques, les baleines, les flamants roses et les chacals qui descendent des dunes.
Une adresse cachée que tu/vous recommandes ? ou un endroit…
Praia de Catumbo à peine une heure trente au nord de Luanda, c’est une plage à laquelle on accède par une piste 4x4, nichée entre une falaise et une petite rivière, c’est très joli.
Et pour ta / votre nouvelle vie, tu / vous rêves / rêvez de quoi, quels projets ?
On part pour une folle aventure familiale, ce qu’on appelle entre nous, le « grand voyage »: on rentre en France en voiture, sur un an, en sillonnant l’Afrique australe et l’Afrique de l’Est, en particulier les hauts plateaux et montagnes du grand rift, et pour finir la péninsule arabique.
C'est un projet qui nous tient à coeur depuis plusieurs années, qui a muri pendant le Covid, et qui va se concrétiser dans quelques semaines ! On aura passé plus de 10 ans sur le continent africain, on s’y est rencontré, on y a vu grandir nos trois enfants; on va fermer ce chapitre en mode slow life. Pour nos enfants qui ont très souvent pris l’avion depuis leur naissance pour rejoindre la France, ça sera une autre vision du voyage, et du temps qu’on souhaite leur offrir. Le Covid nous a appris le « home schooling", là on va découvrir ensemble le « roadschooling »!
Si vous voulez nous suivre, on a un compte Instagram Highfive_Africa (avant d’avoir un blog opérationnel, car pour l’instant les articles restent à écrire)
On a le projet de s’installer dans les Hautes Alpes à notre retour, où on va se reconvertir tous les deux, de nouveaux projets en perspective.